Allez file ! Du poil de chien…

Du brossage au filage

J’ai toujours eu le sentiment de gâcher quelque chose en jetant les poils de mes chiens après leur brossage. Au printemps, c’est toujours plus enthousiaste que je partage ma récolte de poils avec les oiseaux en accrochant des petites touffes dans les arbres afin de leur fournir une matière première douillette pour leur nid.

Mon histoire avec le filage commence par un geste machinal d’entortiller les poils du brossage de Captain entre mes doigts. Je réalise une petite tresse avec trois petits brins de poils. J’abandonne cette tresse sur mon bureau pendant quelques jours car je ne parviens pas à la jeter. Mon regard se perds régulièrement sur ce ridicule assemblage et pourtant tellement chargé de Captain.
Je tricote et pratique le crochet depuis la maternelle car des mamans (dont la mienne) avaient eu l’idée de se regrouper pour proposer un atelier aux enfants de l’école. Le fil et la laine sont un univers que je connais bien et pourtant je n’aurais imaginé un jour filer. L’idée a donc naturellement germé car j’ai également grandi avec un Papa qui bricolait beaucoup et avait l’habitude de fabriquer ce qui lui manquait avec des matériaux bruts ou de récupération. Je me suis alors interrogée sur la possibilité de reprendre des techniques ancestrales et accessibles à tous pour m’éviter ce désagréable sentiment de gaspillage à chaque brossage.

Un des mes échantillons au crochet de laine de chien

Collecte de poils, mais surtout d’informations

J’ai passé des heures sur Internet à effectuer des recherches sur le filage, sur la nature des différentes fibres, les types de rouets, le sous-poil de chien, les teintures naturelles. Encore une fois, grâce aux chiens, j’ai fait un merveilleux voyage à travers le monde entier.

J’ai découvert que la frivolité, une dentelle qui se réalise à la navette, à l’aiguille ou au crochet, est inscrite à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel depuis 2020.
J’ai fait un bond dans l’histoire Viking avec la réalisation de galons au tissage aux cartes. J’ai pu expérimenter cette méthode de tissage qui remonte au VIII ème siècle avant J.C. mais qui est presque trop mathématique pour moi…
J’ai presque inondé ma cuisine de mousse de savon pour réaliser mon deuxième essai de feutrage. Le troisième essai m’a juste confirmé que le feutrage est une activité très humide par nature !

J’ai l’ai déjà écrit sur ce blog, enfant, je disais : « Je veux travailler avec les chiens ! »

Aujourd’hui encore, je me demande si cette volonté de travailler avec les chiens possède une limite.

Le filage de poils de chien est en accord avec ma vision de la nature. Prendre le moins possible avec un minimum d’impact. En des termes plus modernes : zéro déchet, recyclage, réduction de l’empreinte carbone…

File !

J’ai commencé par filer au fuseau comme tous les débutants. Une expérience presque magique ! Un fuseau tout simple réalisé dans du noisetier de notre jardin. Et ça fonctionne ! Rapidement, je me dis que c’est un peu long comme processus de filage. Je suis patiente, mais c’est mon état de santé qui m’empêche de continuer à filer au fuseau… Il faut passer à une autre position pour continuer à transformer mes tas de poils en jolie laine. J’espère alors que le rouet sera plus acceptable pour mon corps. Je me mets en quête d’un rouet d’occasion. Je trouve mon bonheur chez des personnes, qui, comme par hasard, partage leur vie avec une femelle bouvier bernois. Je discute et explique mon projet. La dame me propose un sac entier de poils de sa chienne ! Je repars donc émue par cette belle rencontre avec un rouet à restaurer et une conséquente réserve de matière première pour mes essais.

Mon premier fuseau

Le modernisme de la roue

Le fuseau, c’est simple. Le rouet c’est déjà plus complexe. Alors, soyons honnêtes, il y a eu le découragement face aux problèmes de courroie, de tensions, de fil qui casse, de queues de cochon… Je suis restée polie, mais qu’est-ce que j’ai pesté ! Captain et Katsuki peuvent témoigner.

Finalement, le miracle se produit, je réalise un premier fil, puis un deuxième que j’assemble pour créer mon retors.

Mon premier fil en bouvier

Un autre problème se présente alors je file plus vite que je carde… Mais ceci est une autre histoire.

J’ai pris le temps de rédiger ce texte pour vous proposer de découvrir le filage dans le cadre de l’association de médiation animale Cerise Griotte.

Quoi de plus logique que de regrouper des personnes autours des poils d’animaux ?

Si vous êtes intéressé(e)s pour passer un moment convivial, je serais ravie de partager mes connaissances, mon matériel et vous permettre de découvrir le filage.

Afin que chaque personne puisse expérimenter et bénéficier de mes conseils, le nombre de participants sera restreint pour cet atelier découverte du filage. Un samedi après-midi en novembre est pressenti, la durée dépendra de la motivation des participants.

Mon premier rouet